Au lendemain de sa colère contre la lenteur de l’exécution des projets prioritaires de son programme quinquennal, le président mauritanien tape fort en transférant la tutelle de l’inspection générale de l’État de la primature à la présidence. Une décision de Ould Ghazouani qui vise à mettre fin à la gabegie et à la corruption, deux fléaux qui n’ont pas disparu depuis son accession au pouvoir.
C’est une opération main propre à laquelle assistent les observateurs depuis que le président s’est rendu compte de la défaillance de son gouvernement pourtant réputé de technocrates sur l’exécution de son programme élargi. Deux coups de gueule n’ont pas suffi pour siffler la fin de la récréation. Il faut plus pour mettre le gouvernement sur de bons rails. C’est le sens et la portée du transfert de l’inspection générale de l’Etat, cette haute institution gendarme des finances publiques surtout dans un contexte de covid-19 qui grève lourdement le budget de l’Etat. C’est un signal fort au gouvernement pour accélérer le rythme des réformes qui risquent de compromettre le bilan de son quinquennat. Les décisions pour les réformes dans les secteurs clés, l’éducation, le développement rural, les infrastructures et les routes semblent piétiner au point que les décisions prises aux conseils des ministres sont inaudibles par les populations bénéficiaires des projets. Le changement de tutelle de l’inspection générale de l’Etat, est un coup de massue à la gouvernance de la Primature, une gifle au premier ministre Ould Bilal qui devra se préparer à la sortie en 2022. Le chef de l’exécutif est exacerbé par le laxisme de certains ministres et des résultats qui tardent à venir malgré tous les investissements consentis aux secteurs productifs. Les observateurs attendent des sanctions c’est-à-dire des limogeages suivis de traduction devant la justice pour les voleurs de l’Etat. Dans le cas échéant, la détention préventive de l’ex-président n’a pas de sens.
Chérif Kane