« Doutons même du doute »
Jamais personne ne pourra empêcher ce qui doit fatalement arriver.” “C’est une erreur fatale d’entrer en guerre sans la volonté de gagner.” “La colère est fatale à la raison, comme d’ailleurs la justice.” “Le fataliste est celui qui lave son âme dans son urine.”
Ce doute ne m’a pas fait l’impression d’être un doute sentimental ou une humeur factice de la mode. Il m’a paru être un doute de fond, basé sur une observation solide de la classe politique et argumenté de manière crédible dans une réflexion permanente. C’est pour cela que je le considère comme un véritable courant de pensée. Un courant que j’ai cherché à caractériser par quatre idées directrices.
La première idée directrice qui m’a frappé dans tous les échanges que j’ai eus avec mes interlocuteurs, c’est la conviction que la politique en Mauritanie est dominée par la culture du vol. Une culture qu’elle répand de plus en plus dans l’administration et la gestion de l’Etat. « On ne change pas un pays avec la culture du vol », m’a clairement dit un étudiant de l’Université. La lutte à mener pour changer la Mauritanie est donc la lutte contre la gouvernance du vol. Cette lutte, l’ordre politique actuel ne veut pas et ne peut pas la mener : dans le camp du président comme chez les prétendants au pouvoir dans l’opposition, la gangrène des esprits est telle qu’il ne s’agit pas d’une question de tel ou tel dirigeant, d’un qui serait pourri et d’un autre qui serait pur comme l’eau de roche, mais d’un système national complètement pathologique.
La deuxieme idée directrice qui m’a frappé dans mes échanges , c’est la conviction qu’une accoutumance à l’impunité et à la corruption est volontairement entretenue pour noyer la Mauritanie dans une crise endémique. « Il n’est pas possible que tant des fortunes illicites se construisent au vu et au su de tous sans qu’aucune lutte contre l’impunité et la corruption ne soit déclenchée par les autorités établies », m’a affirmée un avocat de la place. Pour me donner un exemple précis, Il m’a décrit le système de détournement des fonds dans le monde des douanes où, selon ses estimations, l’Etat ne reçoit même pas le tiers de ce qu’il doit recevoir pour le développement du pays. « Vous appelez ça un Etat ? Moi pas. »