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L’ONU a accusé l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté en mars 2022 au moins 500 personnes lors d’une opération anti-jihadiste à Moura dans le centre du pays.

Le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme est basé sur une enquête de la division des droits de l’Homme de la mission de casques bleus au Mali depuis 2013.

Le texte rapporte l’arrivée le 27 mars en fin de matinée des soldats maliens et de leurs alliés dotés de cinq hélicoptères alors qu’une foire aux bestiaux a attiré des milliers de civils venus s’approvisionner en prévision du Ramadan.

Il indique également que les évènements survenus à Moura font l’objet de versions contradictoires depuis plus d’un an.

Ces agissements pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a communiqué le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.

Ces allégations ont été jugés infondées par l’armée et par le ministre malien de la Réconciliation nationale.

Une enquête de la Justice militaire malienne est en cours.

Feu « indiscriminé »

Un hélicoptère et des hommes au sol auraient ouvert le feu « de manière indiscriminée » vers le marché, des jihadistes auraient riposté. Une trentaine de personnes dont une douzaine de jihadistes auraient été tués. L’armée malienne aurait pris le contrôle des lieux et interpellé environ 3.000 personnes, répartis sur quatre lieux. Elle aurait continué à ratisser la localité les jours suivants.

Les soldats maliens et leurs alliés « auraient sélectionné plusieurs centaines de personnes qui ont été sommairement exécutées pendant au moins quatre jours », dit le rapport. Les hommes à exécuter auraient été choisis sur des signes les rendant suspects comme le port d’une longue barbe.

Les victimes auraient été inhumées dans des fosses communes.

Depuis 2022, les évènements de Moura donnent lieu à des versions opposées des défenseurs des droits humains et de la junte au pouvoir depuis 2020 : massacre massif selon des ONG, opération de neutralisation réussie de 203 « terroristes » selon les militaires. Human Rights Watch a évoqué une exécution sommaire de 300 civils.

La surveillance des droits fait partie du mandat de la Minusma et son rapport contredit le narratif officiel.

Le Haut-commissariat souligne que la junte a constamment refusé à la Minusma l’accès à Moura en dehors d’un vol initial.

La justice militaire malienne a annoncé en avril 2022 une enquête. La junte rejette les accusations d’exactions contre les forces armées et assure faire respecter les droits. Elle a rompu en 2022 l’alliance militaire avec la France et s’est tournée vers la Russie. Elle réfute être liée aux mercenaires de Wagner aux agissements décriés dans différents pays.

Le rapport paraît à un moment délicat des relations – en constante détérioration – entre la junte et la Minusma dont le mandat expire en juin.

Les autorités maliennes critiquent l’action de la Minusma sur les droits et ont expulsé en 2023 le chef de la division des droits de l’Homme.

« Le gouvernement continuera d’oeuvrer inlassablement » pour la protection des droits, « cependant, le Mali se dressera avec force et avec la même énergie contre toute utilisation de la question des droits de l’Homme à des fins politiques ou de déstabilisation », disait en avril l’ambassadeur malien à l’ONU Issa Konfourou.

Source:AFRICANEWS

 

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