La tension entre la Mauritanie et le Mali est un phénomène complexe, influencé par des facteurs sécuritaires, migratoires, humanitaires et historiques.
Le Mali fait face à une escalade d’attaques terroristes, notamment par le groupe JNIM, affilié à al-Qaïda. En juillet 2025, la JNIM a lancé des attaques coordonnées contre sept villes le long des frontières maliennes avec la Mauritanie et le Sénégal, visant des positions militaires et des infrastructures économiques critiques .
Ces attaques perturbent les corridors commerciaux vitaux (comme les axes Dakar-Bamako et Nouakchott-Bamako) et menacent les barrages hydroélectriques qui alimentent en électricité le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée. Une éventuelle prise de contrôle de zones clés comme Kayes par les terroristes aurait des conséquences désastreuses pour toute la région .
La Mauritanie a intensifié depuis début 2025 ses opérations contre les migrants irréguliers, expulsant des milliers de personnes dont des Maliens et des Sénégalais. Selon des estimations, plus de 30 000 migrants ont été interceptés entre janvier et avril 2025, et 88 réseaux de passeurs démantelés .
Ces expulsions ont exacerbé les tensions entre la Mauritanie et le Mali, ce dernier condamnant fermement le traitement réservé à ses ressortissants .
Il ne faut pas oublier que la Mauritanie accueille plus de 262 000 réfugiés et demandeurs d’asile maliens fuyant l’insécurité, les atrocités des groupes terroristes. Le camp de Mbera, conçu pour 70 000 personnes, en abrite aujourd’hui près de 110 000, entraînant une surpopulation et une pression sur les ressources locales .
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû réduire les rations alimentaires en raison d’un manque de financement international. Les conditions de vie se détériorent, avec des pénuries d’eau potable et une hausse des prix des denrées de base, affectant aussi les populations locales .
La Mauritanie fait beaucoup d’efforts et tente d’intégrer les réfugiés dans les systèmes nationaux (comme l’établissement d’actes de naissance) et appelle à un soutien international accru, mais elle assume seule une grande partie du fardeau .
Historiquement, les relations entre le Mali et la Mauritanie ont été positives, avec une coopération sur des projets de développement et la gestion des frontières. Un différend frontalier avait été même résolu en 1963 .
Les Implications régionales et internationales ne semblent pas donner l’effet escompté .L’UE avait signé un accord de 210 millions d’euros avec la Mauritanie pour renforcer la sécurité frontalière et lutter contre les réseaux de passeurs. Mais cette externalisation de la gestion migratoire exerce une pression sur la Mauritanie, qui intensifie ses expulsions, contribuant aux tensions avec le Mali .Par ailleurs, les crackdowns en Mauritanie et au Sénégal déplacent les points de départ des migrants vers le sud (Guinée, Guinée-Bissau), rendant la route atlantique (déjà la plus meurtrière au monde) encore plus longue et dangereuse .
Il est plus que primordial,face à la menace terroriste que le Mali, la Mauritanie et le Sénégal renforcent leur coopération sécuritaire (patrouilles conjointes, partage de renseignements) et résoudre les conflits locaux (tensions foncières, problèmes ethniques) pour éviter que les groupes terroristes ne profitent de ces faiblesses .
Une approche coordonnée entre les deux pays, incluant une gestion humanitaire respectueuse des droits humains et une coopération sécuritaire renforcée, est essentielle pour stabiliser la région.
Le soutien international est également crucial pour alléger le fardeau humanitaire porté par la Mauritanie.
