En annonçant le plan de reprise économique, le président de la République a insisté sur la bonne gouvernance comme étant la condition fondamentale pour la réalisation des objectifs fixés. Aussi a-il-il engagé le gouvernement à respecter les règles de transparence et à sévir fermement contre la malversation.
Cette insistance est loin d’être superflue à l’adresse d’une opinion échaudée par d’incroyables histoires de gabegie et de bazardage des biens publics. D’autant plus que des rapports de presse ont fait état d’une bonne centaine de marchés de gré à gré signés pendant les mois écoulés. C’est vrai que des circonstances exceptionnelles ont nécessité des actions d’urgence pour sauver des vies en proie au coronavirus ou secourir des villages en détresse. Il n’empêche que la procédure du gré à gré est hautement suspecte, parce qu’elle ouvre la voie à toutes sortes de tripotages. Elle n’est peut-être pas plus grave que d’autres acrobaties concoctées par des surdoués de la dilapidation, mais elle est la plus connue.
La collectivité nationale ne doit pas toujours courir derrière des détourneurs et des corrompus pour leur demander des comptes après coup. Le défi est de prévenir de telles forfaitures, leur barrer la route. Le président a promis que les outils administratifs dédiés à cette mission seront plus performants. Nous espérons que les députés, de leur côté, exerceront leur pouvoir de contrôle concomitamment avec l’activité gouvernementale, afin de vérifier à la fois l’affectation des fonds et la pertinence des projets. Ce faisant, ils réfuteront le reproche qui leur est fait d’être plutôt inoffensifs à l’endroit d’une autorité en place.
Il reste que le contrôle le plus efficace est celui qui viendra du citoyen. Il sera redoutable s’il s’appuie sur une stigmatisation en règle de l’enrichissement illicite. L’objectif est d’amener la société à voir dans la fortune imméritée, non pas un titre de gloire mais une marque d’infamie. Poètes, caricaturistes, artistes, blogueurs, journalistes, associations : tous debout pour vilipender l’argent mal acquis et ses détenteurs. Chacun est maintenant fondé à dénoncer le moindre acte de malversation dont il aura connaissance. Ce sera l’expression débridée du rejet par le peuple de la mentalité prévaricatrice.
Le Chef de l’Etat a appelé les citoyens à prendre une part active au contrôle, au suivi et à l’évaluation des programmes de développement, en guise de contribution à l’instauration d’une gouvernance solide et efficiente. C’est là une haute reconnaissance de l’impact que peut avoir la conscience citoyenne sur la gestion des affaires publiques. Le ton est donné. On ne doit pas se faire prier pour s’y mettre.
Mohamed Salem Elouma Memah
Entre citoyens