Célébrer l’indépendance nationale, c’est commémorer la liberté conquise, la dignité retrouvée, la prise en main du destin de la nation. C’est également prendre la mesure des progrès accomplis par le pays, d’un anniversaire à l’autre. Cela concerne, bien sûr, les infrastructures, le niveau d’éducation, les prestations médicales, l’essor technologique, mais aussi la qualité de vie des citoyens.
Dans son discours à la Nation, le Président de la République a pris en compte ce dernier aspect, en annonçant des augmentations de salaires et d’allocations familiales. Un geste louable pour lequel les bénéficiaires ont chaleureusement exprimé remerciements et gratitude.
Seulement, les retraités n’ont pas été de la fête. C’est vrai qu’ils ont bénéficié d’une augmentation substantielle il y a deux ans. Mais, leur situation étant ce qu’elle est, ils ont pu considérer qu’il s’agissait de premiers soins, comme ceux administrés à un malade aux urgences, dans l’attente d’un traitement curatif de fond. Il n’y a pas mieux qu’une augmentation répétitive pour mettre du baume à leurs cœurs fragilisés.
Telle quelle, la pension chez nous secrète l’indigence. La raison est simple : du temps où les retraités d’aujourd’hui étaient en activité, les salaires indiciaires étaient trop bas. Donc, les taux calculés sur cette base sont forcément très faibles. Il serait intéressant, pour avoir un ordre de grandeur, de faire des comparaisons avec les traitements correspondants dans les pays voisins.
En outre, une rémunération ne se mesure pas uniquement à sa valeur nominale, mais surtout en termes de pouvoir d’achat, c’est-à-dire selon le degré de couverture des besoins essentiels. Or, les prix à la consommation n’arrêtent pas d’escalader les cimes. Si bien que l’effet de l’augmentation de 2020 s’est trouvé annihilé en quelques mois par la forte hausse du coût de la vie.
Si les cadeaux annoncés pour cet anniversaire se limitaient à une logique de gratification du rendement ou d’incitation à la performance, les retraités se seraient bien gardés d’y prétendre. Mais du moment que l’esprit et la lettre des mesures annoncées s’inscrivent dans une volonté proclamée d’amélioration des conditions de vie des populations et des revenus alloués par l’Etat, les retraités seraient bien malheureux d’en être écartés.
D’autant plus que ces largesses attentionnées, à portée commémorative, sont l’unique acte rétributif dont ils peuvent bénéficier. Ils veulent encore croire à un simple oubli, qui se fera oublier sitôt réparé.
Mohamed Salem Elouma Memah
Entre-citoyens