par Webmaster | 31 07 24 | Actualitès, Economie, Environnement
« Les êtres humains, les végétaux et les animaux ont tous besoin d’aliments nutritifs et en quantité suffisante pour vivre en bonne santé », déclare Najat Mokhtar, Directrice générale adjointe de l’AIEA et Chef du Département des sciences et des applications nucléaires. « Mais au cours des 70 dernières années, la teneur en vitamines et en nutriments de nos fruits, légumes et céréales a considérablement diminué en raison de la perte de fertilité des sols. »
La fertilité du sol est la capacité de celui-ci à soutenir la croissance végétale en fournissant des nutriments essentiels et des conditions chimiques, physiques et biologiques favorables. Les plantes ont besoin de 18 nutriments importants pour se développer et produire des aliments sains, et trois de ces nutriments sont obtenus grâce à l’atmosphère au moyen de la photosynthèse, les autres provenant des sols. Or, nombre d’agriculteurs cultivent régulièrement des plantes sans reconstituer les réserves de nutriments nécessaires, ce qui entraîne une diminution de la fertilité des sols.
Les techniques nucléaires et isotopiques contribuent à réduire les pertes de nutriments du sol, et permettent aux scientifiques de collecter des données précises pour mieux évaluer et gérer la qualité et la santé des sols. Elles permettent de collecter des données quantitatives précieuses et fiables grâce auxquelles il est possible de prendre des décisions précises et en connaissance de cause sur la gestion et la conservation des terres agricoles, tout en atténuant les effets environnementaux.
« Le sol est une ressource vitale, mais non renouvelable, car il faut près de mille ans pour en constituer à peine deux à trois centimètres », explique Lee Kheng Heng, Chef de la Section de la gestion des sols et de l’eau et de la nutrition des plantes au Centre mixte FAO/AIEA. « Les techniques nucléaires permettent de protéger les sols en surveillant les processus qui s’y jouent, ce qui permet d’améliorer la production agricole, la sécurité alimentaire et le bien-être des populations. »
Les isotopes du carbone, de l’azote, du phosphore et d’autres éléments permettent de suivre le déplacement du sol vers les plantes et l’environnement des nutriments présents dans les engrais organiques et inorganiques. Les scientifiques ont recours à des techniques isotopiques pour mesurer la dynamique des éléments chimiques dans les sols et les plantes. Ces informations aident les agriculteurs à déterminer les meilleures pratiques aux fins de l’application de quantités équilibrées et précises de nutriments au bon moment – juste au moment où les plantes en ont besoin, et ces pratiques aident à optimiser l’efficience de l’absorption des nutriments et la durabilité des sols. L’amélioration de la fertilité des sols et de l’efficience de l’utilisation des nutriments accroît la production alimentaire tout en améliorant les moyens de subsistance des agriculteurs, contribuant ainsi à la lutte contre la faim et la malnutrition, en particulier dans les pays qui font face à un déficit alimentaire.
Depuis près de soixante ans, l’AIEA travaille avec la FAO pour aider les pays à appliquer les techniques nucléaires, isotopiques et connexes à la gestion des sols. Par exemple, au Burkina Faso, à Madagascar et au Soudan, le Centre mixte a aidé les experts à identifier de nouvelles sources de résistance à la plante parasite Striga qui touche les céréales, ce qui permet d’atténuer les contraintes de production et de renforcer la sécurité alimentaire. Le Centre mixte a également aidé les scientifiques du Kenya à améliorer la gestion de l’eau et des nutriments afin d’optimiser le rendement des cultures et de renforcer la résilience des sols. L’AIEA et la FAO ont récemment aidé des experts de plusieurs pays à évaluer la fertilité des sols et à déterminer les niveaux de nutriments présents dans les sols endommagés par les inondations dévastatrices de cette année.
« Les sols ne cesseront de jouer un rôle important dans les moyens de subsistance des populations », déclare Mohammad Zaman, pédologue au Centre mixte FAO/AIEA. « Des solutions intelligentes et novatrices sont nécessaires pour freiner l’érosion des sols, et les techniques isotopiques en font partie. »
Le Centre mixte FAO/AIEA promeut l’application des techniques nucléaires et connexes dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture dans le cadre d’activités de recherche-développement adaptatives dans ses laboratoires de Seibersdorf (Autriche) et de projets de recherche coordonnée auxquels participent des centaines d’instituts de recherche et de stations expérimentales.
Source:AIEA
par Webmaster | 12 01 23 | Actualitès, Environnement, Le monde
Les Autorités espagnoles ont annoncé mardi 3 janvier le démantèlement d’une organisation qui a envoyé depuis les îles Canaries plus de 5 000 tonnes de déchets électroniques dangereux à plusieurs pays africains, dont le Sénégal, le Nigeria, la Mauritanie et le Ghana.
C’est ce qu’indique un communiqué du Ministère des Finances espagnol qui précise que les Douanes et la Garde civile ont démantelé une organisation criminelle qui, durant les deux dernières années, avait réussi à envoyer depuis l’île de la Grande Canarie vers l’Afrique plus de 5 000 tonnes de déchets dangereux d’appareils électroniques et qu’en contrepartie cette organisation a pu recoltéo plus de 1,5 million d’euros .Ces dechets qui contiennent du Mercure,du plomb,du cadmium,de l’ arsenic et du phosphore étaient envoyés par bateaux, principalement en Mauritanie, au Nigeria, au Ghana et au Sénégal.
Selon les Autorités espagnoles 43 personnes ont été arrêtés « pour des délits présumés contre l’environnement, faux et usage de faux, et appartenance à une organisation criminelle ».Toujours selon les mêmes Autorités cette organisation retirait les déchets de la filière légale à l’aide d’une supposée entreprise de gestion qui falsifiait des documents sur la provenance et la gestion .
Ces déchets étaient ensuite présentés comme des articles d’occasion pour être envoyés dans ces pays africains alors qu’ils doivent être remis à des entreprises autorisées pour leur décontamination.
par Webmaster | 14 11 22 | Actualitès, Environnement, Sociétés, Tribunes
Maimouna Saleck
Excellence Madame la Ministre, j’ai suivi avec attention votre intervention sur France 24, lors de l’émission spéciale COP27 : le Climat et l’Afrique : quel avenir pour les ressources naturelles du continent ?
https://fb.watch/gMwHoFtUWN/
J’ai trouvé vos réponses – aux questions posées par la journaliste sur le phénomène de la rareté du poisson en Mauritanie et sur le projet d’extraction du Gaz, Grande Tortue Ahmeyine – assez peu convaincantes pour la représentante du principal département régulateur de la gestion de nos ressources naturelles …. ces ressources qui sont la base de l’économie de subsistance et de revenu à la grande majorité de nos populations – et qui sont tous deux très vulnérables (l’économie et les populations).
Affirmer que la rareté du poisson en Mauritanie est la conséquence des changements climatiques – en omettant de citer aussi la part de responsabilité des changements sociaux et des changements économiques – qui ont développé, en des temps records, des modèles d’exploitation non tenables, non soutenables et peu durables de nos ressources naturelles – est un terrible raccourci !
Un raccourci qui ne peut être interprété que par une méconnaissance ou une mauvaise appréciation des terribles impacts, ou des lacunes du système de gouvernance – des activités économiques essentiellement responsables de la dégradation de nos écosystèmes et donc de nos ressources renouvelables : comme notamment, la surexploitation des stocks de poissons, les pressions croissantes de la pêche industrielle, des transports maritimes, des industries minières, aurifères, gazières et pétrolières, la mauvaise gestion des déchets ainsi que celle des grands projets d’infrastructures.
Et lorsque la journaliste vous pose la question concernant l’exploitation du Gaz Naturel, vous noyez le poisson dans l’eau et vous proposez même comme solution résiliente à la crise que connait le secteur de la pêche en Mauritanie, l’extraction de cette énergie fossile non renouvelable – en la déclarant comme une énergie moins polluante, qui va servir de levier à la production d’une énergie propre – l’hydrogène vert – est un autre raccourci beaucoup plus naïf.
Vous expliquez que puisque nous avons des énergies fossiles, nous devons absolument les exploiter ! Comme si nous n’avons pas le choix d’exploiter d’autres énergies largement plus disponibles, plus accessibles, réellement plus propres, moins couteuses en terme d’investissements humains et financiers et surtout, surtout, entièrement renouvelables : le soleil, le vent, le sable, l’eau.
Madame la Ministre, sachez qu’en 2018, la Mauritanie était déjà arrivée à un mix énergétique renouvelable de 38% en exploitant moins de 10% de son énorme potentiel renouvelable !
Qu’est ce qui nous a poussé à faire ce brusque virage vers le fossile, pour lequel nous ne sommes pas du tout préparé et pour lequel nous prenons les risques de perdre à jamais toutes nos autres ressources renouvelables indispensables ?
C’est comme si, vous nous expliquez, au milieu du désert, que vous choisissez de boire l’eau minérale naturelle, en sortant de votre glacière, une petite bouteille qui vient d’Europe, au lieu de boire l’eau fraîche qui coule d’une source de montagne que vous pouvez directement cueillir avec vos mains….
… parce que l’eau de cette petite bouteille, est meilleure pour la santé, comparée au soda, car elle est 100% naturelle !
… en occultant les faits, que pour transporter et stocker cette eau, il a fallu toute une technologie (que nous ne maîtrisons pas), pour produire un contenant, dérivé du pétrole, qui va potentiellement empoisonner notre corps à travers les microplastiques, invisibles à l’oeil nu, que nous pouvons ingurgiter, soit à travers cette eau « naturelle », soit à travers les aliments puisés des sols, des rivières ou des océans – que les particules de cette petite bouteille vont contaminer – pendant quelques dizaines d’années – une fois que vous l’aurez jeté dans la nature.
Excellence, Madame la Ministre,
Savez-vous que pour détecter ce gaz – dit naturel – qui pollue moins que le pétrole – il a fallu organiser quelques centaines de campagnes sismiques – durant plus de cinq années – sur tout la longueur et la largeur des 234.000 km carré du domaine maritime mauritanien ?
Savez-vous que pour bâtir les infrastructures indispensables pour l’exploitation de ce gaz naturel, les travaux sur terre et en mer, sont en cours depuis 2019 ?
Savez-vous, que pendant deux années, 250 camions ont effectué des rotations en permanence, sur une distance de 275 km, entre Nouakchott et Akjoujt, tous les jours, 24h/24h, pour déplacer 2,5 millions de tonnes de matériaux de carrière – vers une plateforme de 17 hectares (construite au sein du Port de Nouakchott exprès pour cette mission) – qui ont été ensuite transportés, par un navire spécialisé (qui a effectué pendant 7 mois, 67 voyages) vers le hub du GTA, qui se trouve à 10km de la réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du Sénégal, qui abrite 3 sites classés zones humides d’importance internationale ?
Savez-vous, …. que ces 2,5 millions de tonnes de pierres sont déposées, sur 33 mètres de profondeur, pour servir de base aux 21 caissons en béton venant du Sénégal…. que chacun de ces caissons, pèse 16.500 tonnes, mesure 54m de long, 28m de large et 32 m de hauteur… et qu’après une traversée de 120 miles, chaque caisson est rempli d’eau de mer et de sable pour atteindre les 74.525 tonnes nécessaires pour briser les lames autour de la digue de 1.150 mètres, destinée à protéger la jetée d’amarrage de l’unité flottante de production de gaz naturel liquéfié et qui sert aussi de jetée d’accostage aux navires méthaniers qui viendront charger le gaz tant attendu.…
Savez-vous, que le gaz qui arrivera à cette unité, est acheminé par 3.500 mètres de pipeline, du FPSO (unité de production, de stockage et de déchargement) situé à 8.000 mètres du champ de production qui compte (dans cette 1ère phase seulement) 12 puits qui forent à 2.850m dans les entrailles de la terre ?
… et que tout ce dispositif peut exploser à chaque instant !
Madame la Ministre,
Je vous épargne toute les étapes de la phase d’exploitation qui durera une trentaine d’années (au moins) – et qui produira en plus du gaz naturel, des eaux de refroidissements, des eaux de ballast, des eaux de production … dont les déversements chroniques – autorisés par nos régulateurs locaux – auront comme impact minimal, selon les scientifiques, le dérèglement du système endocrinien chez les mâles (allant jusqu’à l’infertilité). Ce phénomène se fait par la contamination aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs), bio-accumulée de la chaine alimentaire et il a déjà été constaté dans la zone du Fleuve Sénégal.
… et ce n’est pas tout !
Le Grand Projet Grande Tortue Ahmeyine (GTA) produira, en plus du Gaz, du pétrole super raffiné – mais aussi des déchets solides et liquides industriels en plus des déchets urbains de la « ville-plateforme », érigée en pleine mer, qui sera habitée par les quelques milliers d’ouvriers permanents du projet – sans oublier les centaines de navires vraquiers et méthaniers qui viendront grossir le traffic des quelques 849 navires déjà abonnés aux ports du pays.
Et une fois ce stock de Gaz naturel épuisé, car bien évidemment, il n’est pas renouvelable, on doit penser à démanteler toutes ces infrastructures, à reboucher tous les puits, correctement, si bien sûr, nous avons eu la chance d’échapper aux accidents, aux fuites, aux erreurs, au laxisme, au bakchich, aux sabotages, aux coups d’états, aux orages, aux tsunamis, …
Madame la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable,
Imaginez-vous l’empreinte carbone, physique, chimique, biologique, atmosphérique, écologique, sociale, économique …. de toute cette chaine de destruction massive des écosystèmes marins d’une exceptionnelle rareté – mise en oeuvre pour extraire ce Gaz – presque inoffensif et tellement nécessaire – qu’il nous faut absolument exploiter – (selon vos propos) – pour sortir la Mauritanie (avec moins de cinq millions d’habitants) de la grande misère pathologique qu’ils subissent à cause des Changements Climatiques ?
Vous affirmez aussi que la manne du gaz naturel servira à investir dans la production de l’hydrogène vert … un autre gaz qui est obtenu grâce à des procédés industriels extrêmement polluants, mais qui aspire à devenir vert, selon les experts, en convertissant l’électricité nécessaire pour son extraction, qui va passer de l’électricité produite par les énergies fossiles (pétrole et charbon) vers celles produites par l’éolien … un peu comme l’histoire de la petite bouteille de plastique ….
Mais, en attendant de découvrir des solutions miracles de transport vert et de matériaux verts pour construire des parcs d’éoliennes neutres en carbone, dans des déserts et des océans stérilisés de toute forme de biodiversité, je vous implore, Madame la Ministre, de concentrer vos efforts sur la préservation de nos acquis avant de suivre les sirènes des marchands de dollars….
Je vous invite vivement, à visiter les magnifiques sanctuaires, d’une biodiversité, exceptionnelle, unique au monde, qui existent en Mauritanie, de vrais puits carbone, qui offrent de vraies solutions aux Changements Climatiques, gratuites, durables, renouvelables et qui offrent généreusement leurs indispensables services éco-systémiques à notre alimentation, notre santé, notre économie, notre spiritualité, notre éducation, notre innovation …
Savez-vous, qu’avec les 1.200.000 m2 du Parc National du Banc d’Arguin (à titre d’exemple), nous captons déjà 11% de nos émissions de gaz à effet de serre ? … que le PNBA, qui sert de véritable laboratoire scientifique à ciel ouvert, accueille quelques 2 millions d’oiseaux migrateurs chaque année ? Que ces oiseaux contribuent à la richesse de la qualité de nos herbiers et nos vasières, à la santé de notre océan, et que grâce à cette abondance renouvelable, la Mauritanie nourrit plus de 75 pays de la planète en produits de la mer ?
Dépêchez-vous, Excellence, et surtout n’hésitez pas à inviter aussi son Excellence Monsieur le Président de la République, à venir découvrir ce magnifique patrimoine (vraiment) naturel avant qu’il ne disparaisse, victime de de notre boulimie énergétique, car j’ai bien l’impression qu’il ignore totalement l’existence de ces capitaux naturels, vu qu’ils ne sont jamais cités dans ses discours.
Et pour finir, je reste convaincue que la solution aux Changements Climatiques est justement d’arrêter de vouloir changer systématiquement de modèle de production ou de consommation, sans re-passer par la case de départ : vouloir changer nos modes de réflexion pour retrouver notre vraie place dans cet univers.
La Citoyenne Lambda.
Meimouna Saleck
par Webmaster | 17 11 21 | Actualitès, Environnement, Focus, Sociétés
Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme
La Société Mauritanienne de la Biodiversité et des Ecosystèmes Marins et Littoraux remercie vivement la Direction de l’Evaluation et du Contrôle Environnemental/MEDD pour son invitation à prendre part, ce mardi 16 courant, à la « Conférence de la Plateforme des Acteurs du Littoral et de la Mer (PALM)» sur le thème « Gestion de la Biodiversité Marine et Côtière : Bilan et Perspective ».
En attendant la sortie des résultats de cette réunion (rapport, acte, etc.), je me permets de partager, avec le public, les quelques constats ayant un rapport avec la communication planification spatiale maritime et l’étude de capitalisation des expériences des OSCs impliqués l’exploitation et la conservation des territoires et des ressources côtières et marines.
Sur le plan de la recherche scientifique, on semble reconnaitre, outre mesure, les contributions du Projet BGP et des sociétés d’exploration pétrolière et gazière en ce qui concerne les connaissances sur la biodiversité marine et côtière en Mauritanie. L’argent et la technologie de pointe ont, certes, eu leur effets ou permis une valeur ajoutée incontestable dans le traitement de gisements de données historiques réalisées soit par des institutions mauritaniennes, soit avec l’appui d’autres acteurs scientifiques dans le cadre de la collaboration bi et multilatérale.
Le cadre institutionnel et réglementaire en place, continue d’être source de conflits de compétences entre les principales parties publiques impliquées dans la gestion de l’environnement (établissement de normes et exécution de tâches pratiques) et un frein pour l’exécution de plusieurs projets quand ils relèvent de secteurs différents. Les insuffisances observées dans le domaine de la coordination et de la concertation malgré l’existence d’organes créés à cet effets, font partie d’autres obstacles institutionnels diagnostiqués dans le cadre du processus d’élaboration du Plan National d’Adaptation au changement climatique (PNA). C’était là l’occasion, pour l’assistance, de regretter le retard pris pour instituer officiellement la plateforme des acteurs du littoral et de la mer qui réunit aujourd’hui ce nombre important de participants.
Au niveau du renforcement des capacités, la satisfaction des résultats est au comble, notamment chez les OSCs représentés à la réunion. Malgré cela, personne ne peut affirmer que les parties prenantes dans la gestion environnementale (Administrations, secteur privé et société civile) disposent aujourd’hui d’un noyau du suffisant en nombre et qualité dans le domaine du thème fédérateur de biodiversité marine et côtière ;
Considérer le « littoral mauritanien comme une seule entité», est une vision qui tarde à se concrétiser malgré l’usage générique de vocables tels que ‘’systémique’’, ‘’intégré’’, ‘’ inclusif’’, etc. En conséquence, la planification spatiale maritime restera tributaire d’une planification et une conception de politiques et stratégies qui mettent en jeu l’aménagement du territoire et concilie l’ensemble des usages au niveau de l’espace compris entre 20-50 km au-delà de la limite du littoral vers le contint et le dernier point, vers le large, de la ZEEM ;
Les projets financés dans le cadre de l’environnement devront, désormais, servir le développent du pays et aider celui-ci à satisfaire ses engagements en vertu surtout de la Convention de la Diversité Biologique (CDB) et de la Convention-Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC). En d’autres termes, il n’est plus tolérer pour la Mauritanie d’ignorer ou de prendre à la légère :
– la question du changement climatique (adaptation du CC et gestion des risques de catastrophe) ;
– la nécessité de création d’une institution spécialisée, capable de fournir les données et connaissances scientifiques et techniques dont les acteurs en ont besoin pour accomplir leurs missions respectives ;
– le besoin de créer une synergie entre les institutions nationales de recherche scientifiques et de promouvoir une culture environnementale en renforçant l’éducation environnementale et encourageant des filières au niveau de l’enseignement moyen et supérieur.
Enfin, j’ai remarqué combien les anciens partenaires étaient contents de la coopération allemande et combien ont-ils pleuré le retrait ou départ de la GIZ et exprimé leur étonnement face à une décision comparable à celle de changer un cheval qui gagne.
Quant à moi, le gouvernement en gestation en Allemagne autour d’un noyau d’écologistes, pourra bel et bien constituer un espoir quant à un regain d’intérêt pour l’environnement et ses acteurs, en général et la Société de la Biodiversité et des Ecosystèmes Marins et Littoraux, en particulier.
Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme
Président de l’association dénommée « Société Mauritanienne de la Biodiversité et des Ecosystèmes Marins et Littoraux ».
par Webmaster | 8 11 21 | Actualitès, Economie, Environnement, Politique, Sociétés, Tribunes
La Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) a organisé en octobre dernier, un webinaire auquel j’ai eu le plaisir de participer en tant que journaliste mauritanienne.L’objectif en était d’élargir la réflexion autour de pratiques inquiétantes fragilisant la sécurité alimentaire de la majorité des pays côtiers, et menaçant dans les pays en développement concernés l’emploi de plus de 100 millions de travailleurs dont près de 32 millions d’acteurs du sous-secteur de la pêche artisanale (voir ce rapport 2019 de Greenpeace : le poisson détourné).
Durant ce webinaire un large éventail de questions a pu être formulé et discuté, – dont certaines relevant directement de la situation en Mauritanie : Comment concilier un développement durable du secteur de la pêche avec les objectifs commerciaux des acteurs exogènes ? Comment sortir de la situation actuelle, entre les accords de pêche et les usines de farines et d’huiles de poisson ? Qui vend le poisson aux usines de farines? La ressource appartient-elle aux communautés qui la vendent ou à ceux qui l’acquièrent pour la transformer ? Comment doter la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) d’un mandat de « gestion partagée » de la ressource, à même d’en améliorer la durabilité ? Quid de la gestion des risques associés aux prospections en cours et à l’exploitation prochaine du gaz et du pétrole ? Comment ramener l’avis scientifique au cœur des décisions politiques ? Comment soutenir les médias dans leur mission d’information et de mobilisation autour des enjeux majeurs, rattachés à ces questions ? …
Production de farines de poisson : une industrie toujours plus prédatrice
Autrefois artisanale, la production de farines de poisson a démarré au début du 20ème siècle autour d’une belle idée : celle de recycler les déchets de poissons. Malheureusement, elle s’est progressivement transformée en activité industrielle menée à bord de navires-usines, avant de venir s’arrimer directement au niveau des ports de pêche.
Les poissons ciblés sont les petits pélagiques, poissons gras se rassemblant en grands bancs en Afrique de l’Ouest, et notamment trois espèces surexploitées selon les dernières évaluations de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO): sardinelle ronde, sardinelle plate, et ethmalose d’Afrique. Outre que ces poissons sont un maillon clé d’une extraordinaire chaine de biodiversité, ils constituent dans la sous-région la principale source de revenus des communautés locales de pêche, tout en leur apportant une protéine très accessible. L’impact écologique de l’industrie comprend par ailleurs des niveaux substantiels de prises accessoires par les chalutiers approvisionnant les usines, contribuant significativement à la dégradation du milieu marin.
Cette situation inquiète vivement la communauté scientifique, ainsi que les organisations de professionnels de pêche. Alertés par la famine qui frappe actuellement près de 2 millions de malgaches, victimes du pillage de leurs ressources halieutiques couplé à une sécheresse aigue, les acteurs multiplient les appels au gouvernement pour une gestion plus durable, plus rigoureuse et plus transparente du secteur. Voir ici l’appel d’un expert halieute : https://mobile.facebook.com/story.php?story_fbid=2981612972079799&id=100006933762840&sfnsn=mo&_rdc=1&_rdr.
Mauritanie : un modus operandi alarmant
En Mauritanie, la situation qui est tout aussi alarmante que partout ailleurs, est devenue critique avec l’essor des usines de production d’huiles et de farines de poisson dans le pays : 42 implantées, dont 38 en activité. Et si on imaginait que la quarantaine d’usines de farine de poisson tournaient à plein régime, combien de millions de tonnes de petits pélagiques seraient détournés, chaque année, des assiettes des populations africaines ?
Les usines de production de farine de poissons ont commencé leurs activités vers la fin des années 2000, après avoir été chassées d’un peu partout dans le monde (dont le Maroc, le Sénégal, la Gambie…), accusées d’avoir épuisé les stocks de poissons jadis abondants, détruit les écosystèmes locaux, contaminé l’environnement et paralysé le tourisme à travers les pollutions suscitées.
Communément appelées Mocca, ces usines se sont d’abord appuyées pour leur approvisionnement sur les femmes mareyeuses organisées en coopératives, en leur octroyant des crédits qui pouvaient aller jusqu’à 100.000 MRO. Ce crédit leur servait à racheter le poisson auprès des pêcheurs artisanaux, qu’elles revendaient en exclusivité aux unités industrielles en question, comme le témoigne cette mareyeuse interviewée en 2016.
Puis, à partir de 2010, les entreprises chinoises ont fait l’objet d’accords pour le moins complaisants avec le gouvernement mauritanien, les autorisant à établir des activités de pêche et à construire des usines de transformation de poisson. Selon les accords passés avec Poly Hong dong par exemple, l’entreprise pouvait transformer 100 000 tonnes de poisson par an sans préciser avec quelles espèces de poisson.
En 2017, une autre entreprise chinoise, la Sunrise Oceanic Resources Exploitation Company, installe une usine de transformation de farine de poisson dont la taille est 3 à 4 fois celle de Poly Hong Dong, apportant avec elle sa propre flotte de pêche.
À partir de 2015, des navires turcs à senne coulissante commencent à leur tour à opérer dans le pays, approvisionnant les usines de fabrication de farine de poisson appartenant à des entreprises turques. Cette flotte turque, forte de près de 100 navires industriels opérant dans la zone côtière, s’est rapidement élargie pour approvisionner d’autres usines, dont des entreprises chinoises et même la Fédération mauritanienne des usiniers.
En d’autres termes, sous l’influence du lobby des industries, la politique du gouvernement détruit l’équilibre historique de l’exploitation de la ressource halieutique par la Mauritanie et ses voisins, privilégiant l’approvisionnement des filières d’élevage d’Asie (de crustacés, poulets et, comble symbolique pour un pays musulman, de porcins !), au détriment de l’approvisionnement de la population locale et régionale en poisson destiné à la consommation.
Le Parc national du Banc d’Arguin (PNBA) sous le feu :
Le Banc d’Arguin est un écosystème marin d’importance mondiale pour la conservation, le plus grand sanctuaire d’oiseaux d’Afrique de l’Ouest, soutenu par l’un des plus vastes herbiers du monde composé de trois espèces d’algues, deux tempérées près de leur limite sud et une tropicale à sa limite nord.
Un groupe d’experts prévoit, dans un article scientifique publié fin octobre 2021, le déclin probable de la superficie totale de cet écosystème d’herbiers marins selon des scénarios de changement climatique au cours du 21e siècle, qui utilisent des modèles de distribution des espèces et des estimations de l’élévation du niveau de la mer.
Ce qui laisse présager un effondrement des principales fonctions de l’écosystème du PNBA, avec des répercussions profondes sur la biodiversité, les ressources halieutiques et les services écosystémiques – si la tendance globale climatique n’est pas rapidement inversée.
Par ailleurs, dans un contexte économique difficile et après des années d’exploitation intense des stocks de poissons, les pressions pour une ouverture du domaine maritime du PNBA à la pêche artisanale motorisée sont fortes. Les richesses exceptionnelles de la plus importance aire maritime protégée d’Afrique, attirent les convoitises des opérateurs de la pêche.
Pris dans une logique de court terme, ces derniers échouent à percevoir l’importance de préserver son intégrité́ non seulement pour des raisons écologiques évidentes, mais aussi pour le rôle économique qu’il assure dans le renouvellement des ressources halieutiques de la ZEE mauritanienne.
Fait gravissime, la fédération mauritanienne des usiniers a même réussi à obtenir, en juillet 2021, une dérogation spéciale pour avoir accès à une zone interdite à la pêche industrielle, mettant en péril l’intégrité du PNBA. Sous prétexte d’expérimentation pilote, cette dérogation autorise un senneur de 40 mètre à venir pêcher directement contre la frontière du Parc, ce qui accentue fortement les risques d’incursions volontaires ou accidentelles à l’intérieur de l’aire marine protégée.
On se demande aujourd’hui, si les échouages récurrents de poissons et notamment l’échouage de plus de 50 espèces de poissons en juin dernier entre le Cap Tafarit et le Cap Tagarit, au cœur du PNBA, ne sont pas l’œuvre de l’un de ces mastodontes qui convoitent les richesses du Parc.
Mesures urgentes :
La surexploitation des ressources halieutiques menant à leur épuisement (y compris du fait de l’évolution des techniques de pêche employées), l’augmentation rapide du détournement des captures de la consommation humaine vers la production de farines et d’huiles de poisson destinées à l’exportation, est contraire à un certain nombre de devoirs et d’engagements de nos gouvernements, y compris ceux pris dans le cadre des instruments internationaux de gestion des pêches, ainsi que les grands engagements internationaux tels que les Objectifs de Développement Durable des Nations unies.
Il s’agit de réduire l’intensité́ de la pêche dans la région en vue de la ramener à des niveaux durables pour l’environnement, tout en assurant qu’elle réponde adéquatement aux besoins des populations locales pour leurs moyens de subsistance et leur sécurité́ alimentaire.
Le gouvernement mauritanien, sensé pratiquer une gestion de la rareté des ressources halieutiques par une approche de précaution, est invité conformément au Code des Pêches, à prendre ses responsabilités, à assurer plus fortement sa mission de régulation, et à déclarer l’état de crise conformément aux avis scientifiques.
Il devrait négocier avec l’ensemble des acteurs de la mer, nationaux comme internationaux, et particulièrement avec les opérateurs de la pêche, un système économique plus tenable, plus durable, avec des taux de rendement et des retours sur investissement plus raisonnables.
De telles actions ont déjà̀ été́ réclamées à de nombreuses reprises par les experts scientifiques nationaux et internationaux, par les fédérations socio-professionnelles de la pêche, par les fédérations nationales de la pêche artisanale, ainsi que par les partenaires techniques et financiers de la Mauritanie. Elles doivent à présent se traduire par des mesures concrètes, telles que :
– La réduction des usines de production de farines de poisson à un maximum de 2 usines par État acceptant encore de les abriter sur son territoire.
– L’interdiction de toute pêche industrielle pendant au moins 6 mois de l’année, et ce jusqu’à reconstitution totale des stocks de poisson.
– La mise en place – à l’instar de la grande muraille verte du Sahel – d’une « Grande muraille bleue » couvrant la totalité de la côte atlantique du globe, reliant l’ensemble des aires marines protégées de la zone. Cette grande muraille bleue se fera autour de la protection des petits pélagiques qui ont la grande capacité de freiner la désoxygénation des océans et servira de rempart contre l’effondrement des principales fonctions d’un écosystème déjà bien impacté par les changements climatiques.
Le coût de toutes ces mesures pourrait être supporté par la communauté internationale dans le cadre de l’adaptation aux Changements Climatiques, notamment par les mécanismes de financement du Fonds Vert pour le Climat.
Maimouna SALECK
par Webmaster | 1 10 21 | Environnement
La ministre de l’environnement et du développement durable Marieme Bekay a révélé l’existence de 20 brèches sur le cordon dunaire protégeant la capitale ce qui amplifie davantage les risques face à la montée constante des eaux de l’océan.La Ministre a fait cette revelation lors du point de presse hebdomadaire du gouvernement.Au cours de la reunion hebdomadaire du Gouvernement une communication relative aux résultats de l’évaluation environnementale, sociale et stratégique pour l’exploitation de la terre noire le long de la côte avait été présentée
La ministre a ajouté que l’étude réalisée par son département, en collaboration avec celui de l’énergie sur le niveau de la montée des eaux de la mer, destinée à identifier les zones exploitables sur la côte, a déterminé une seule zone sur la côte de la capitale.
Marieme Bekay a souligné que les deux parties (l’environnement et l’Energie)qui ont mené cette étude travaillent à la préparation d’un plan de travail pour déterminer les critères de partenariat avec les sociétés travaillant dans ce domaine, aux côtés d’un conseil technique commun pour le suivi et le contrôle de cette opération.Elle a par ailleurs ajouté qu’une étude réalisée par des experts des nations unies a révélé que le niveau de la mer est en constante augmentation dans le monde.