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Mauritanie de ma jeunesse

Hamath Athie, président de l'alliance citoyenne pour une Mauritanie nouvelle

Hamath Athie.

la Mauritanie que nous avons connue, nous a permis de résister à la grande sécheresse, de combattre vaillamment au Sahara épaule contre épaule, de sortir de la guerre et ensemble de panser nos plaies. Nous étions frères, sœurs, amis et confiants chacun en l’autre. Aujour’hui les virus de la division se sont infiltrés et notre patrie souffre dans son intérieur de voir la cohésion et l’unité de son peuple malmenées. On ne refait pas l’histoire mais on peut demander aux générations d’aujourd’hui de reconstruire le tissu social, fraternel, amical et de confiance pour une Mauritanie pour tous comme celle que j’ai hérité de mes parents et que j’espère laisser à mes enfants et petits-enfants.

Athie Hamath
Président de L’Alliance citoyenne pour une Mauritanie nouvelle.

le dossier du pillage des ressources du pays

               Depuis le 9 mars, le dossier du Pillage des ressources du pays et de la corruption systématique du régime de M. Ould Abdel Aziz est à un tournant. Les avocats de ce dernier s’ acharnent à imposer son impunité absolue en multipliant les subterfuges et les futilités juridiques auxquels aucun juge serieux ne pourrait accorder le moindre crédit, et l’opinion, la moindre attention. Au plan du droit, il n’y a rien à faire: les caciques du système de corruption de la décennie écoulée doivent répondre de leurs actes et ne pourraient y échapper que par coup d’ Etat judiciaire ou par un coup fourré de dernière minute. Au plan moral et politique, c’est encore pire: le terme même de  » gabegie » fut une réinvention ou une re-découverte de M. Ould Abdel Aziz lui même, pour justifier son putsch ignoble contre Feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi – et un instrument de torture et de terreur contre ses adversaires. Il l’utilisa en premier, sans vergogne, contre la famille du Président, en mettant sur pied la 1ere Commission d’enquête parlementaire de l’histoire du pays ( hors commission ad hoc de routine). En ce temps là, M. Ould Abdel Aziz et ses thuriféraires ne se souciaient guère de la constitutionnalité de ces commissions! De même que lui et ses amis ne se préoccupaient de la légalité des arrestations de leurs adversaires politiques et de leurs concurrents économiques, directement mis en taule à la Prison Centrale de Nouakchott, sans la délicatesse des discussions juridiques sur les vices de forme des convocations et la durée des gardes à vue des victimes de leur vindicte. Aujourd’hui, ils sonnent le tocsin des libertés violées et de l’ Etat de droit bafoué. Sans se préoccuper du comique de la situation.
Aujourd’hui, l’effectivité de ces libertés et de cet Etat de droit est entre les mains de la justice et non dans les imprécations et les amnésies de circonstance.

Professeur Lô Gourmo Abdoul vice-président de l'UFP News Rim

Professeur Lô Gourmo Abdoul vice-président de l’UFP

Titre : Absence d’équité , marginalisation , discrimination, que faire?

Idoumou Mohamed Lemine Abass

L’absence d’équité, la marginalisation et la discrimination sont douloureusement réelles et aucun développement du pays n’est envisageable avec elles. Cependant, elles ne seront jamais vaincues en hissant les élites de leurs victimes au niveau de l’élite au pouvoir, ni par le compromis sur un partage « équitable » du gâteau entre ceux qui le dévorent déjà et ceux que dévore l’impatience de participer au festin.
La solution se trouve dans la réforme de l’enseignement, de manière à faire de l’école un ascenseur social pour tous les enfants de la nation, sans distinction et sans discrimination. Elle se trouve dans la santé pour tous et dans une économie nationale capable de réaliser le bonheur et la prospérité pour tous les mauritaniens, sans en léser, ni marginaliser ni discriminer personne.
La solution se trouve dans des politiques strucurantes de la société et de l’État qui aient un effet positif à long terme… Des politiques qui prennent en considération les générations futures et ce que seront ces générations.
La solution se trouve, aussi, dans le changement des mentalités, toutes les mentalités ; y compris celles des élites qui ne voient les grands problèmes nationaux qu’à travers le prisme des manoeuvres politiciennes et la course derrière des acquis instantanés, ignorant la dimension stratégique des solutions qu’ils cherchent.

Un avis personnel

Point de vue personnel

Mohamed Yahya Abdy

Indulgence et magnanimité
Durant les jours qui ont suivi le lancement du SURSAUT POPULAIRE DÉMOCRATIQUE SPD, la scène médiatique a connu une vague de réactions plus ou moins remarquables. En tant que responsable de la Communication du SPD, je ne suis guère surpris des réactions prudentes d’une scène nationale polluée de partis et de mouvements sectaires régionalistes, ou même racistes, ou carrément infiltré sinon fabriqués par les officines secrètes spécialisées.
L’attitude des dirigeants du SPD empreinte d’une indulgence louable, était de laisser passer beaucoup de comentaires…..
Mais comme il y a des déclarations que l’on ne peut négliger, sous peine de créer des malentendus, je voudrais à titre personnel, faire remarquer :
Qu’il est tout à fait naturel que nos camarades issus D’IRA essuient des attaques verbales de leurs anciens compagnons car ils peuvent les considérer comme concurrent potentiel dans leur électorat traditionnel. Nous considérons que nous n’avons pas à nous en occuper tant que cela reste à un certain niveau. Notre frère Balla Touré et ses camarades savent quand il faut répondre et comment répondre.
Seulement, les considérer comme des extrémistes dont Allah a débarrassé IRA pour laquelle ils constituaient un fardeau, seul L’avenir de la lutte militante pour une Mauritanie meilleure apportera un démenti sans appel à cette accusation. En tous cas nous n’avons constaté de leur part que la solidarité patriotique et l’abnégation pour les justes causes.
En attendant nous félicitons IRA de s’être débarrassée de ces « extrémistes « qui y occupaient des postes clés et qui lui ont rendu beaucoup de services.

Une nouvelle première dame, peut être une nouvelle ère.

 

Mohamed Hanevi

Mohamed Hanevi

 

 

 

 

 

 

 

discours respectable, intellectuel et hautement représentatif du pays, que celui de la première dame docteur Mariem Mint Dah, épouse du chef de l’état.

Peut-être que si je n’avais perçu un ton de franchise et une ombre de conviction nationale, je n’aurais pas écrit ces mots.

Un ami arabe à mes coté a murmuré « mashallah ». C’était un souffle d’espoir qui commençait à se perdre avec la succession interminable du long chapelet des incompétences et des déceptions.

Je me permets donc, fort des postulats de chez-nous de m’insurger en grand frère à qui certains écarts, certains attributs et certaines prérogatives sont accordées par notre très, très particulière société.

Je dis donc à ma petite sœur par l’âge et grande sœur par le dominateur de la position étatique :

-Vous avez, pour la première fois, tenu un discours qui sur le plan forme, clarté, éloquence, enchainement des idées, représentativité de l’intellectuel national et responsable du pays, nous a permis de garder la tête haute devant les autres.

Ceci m’encourage à vous conseiller ce qui suit (toujours en grand frère).

-les problèmes intérieurs ne se limitent pas à un mariage précoce ou une violence faite à une femme. Ces deux crimes ne sont en fait que de petits fruits de menus fretins d’un vaste jardin bigarré de douleurs et de marginalisations nationales, qui ont besoin de citoyennes comme vous pour retrouver confiance en leurs jambes, sentir leurs muscles, recouvrer leur santé respirer l’air national depuis bien longtemps pollué dangereusement par les propres mains de ses propres fils.

Je ne veux point vous attrister. Et si j’ai parlé de citoyennes et non de citoyens, c’est que votre discours a réveillé en nous l’espoir que si nos hommes se sont rués sur la chair du pays pour le dévorer, peut-être que le rôle de nos filles pointe à l’horizon avec l’apparition de femmes comme vous, qui regardent plus loin que le coffre de la banque, ou le tintamarre indécent de cérémonies avilies par la misère qui les entoure.

Votre époux, avec tout le respect que je lui porte est un général, qui complète la procession de plusieurs autres, avant lui. J’espère qu’il sera différent.

Vous êtes une première dame qui devez penser à ce que dira et pensera ce peuple de vous dans dix ou quinze ans.

Je vous suggère de transcender la routine selon les moyens en votre possession.

1-Entourez-vous d’un comité de femmes où vos adjointes seront une femme peule, une femme harratin, une femme soninké et une Wolof.

2-Choisissez des villages pilotes dans lesquels vous implanterez de petits sous-comités pas plus de quatre ou cinq femmes.

Ces sous-groupes, qui ne couteront que le un millième des charges de « Taazour, de Taqaddoum ou de la kirielle de groupes de droit de l’homme qui en voulant faire vivre le peuple, ont vécu sur la chair des populations ». Vous pouvez les allier si vous y voyez un intérêt ou quelques cadres compétents et dévoués à la nation.

Ce sous-groupe sera l’exécutant de petits projets de développement, d’enseignement de sensibilisation (contre le mariage précoce par exemple) de surveillance de la température d’une cohésion nationale qui fait face en ces jours surtout à des attaques répétées qui ne cachent plus la velléité traitresse de briser ce peuple… et bien d’autres activités selon un programmes qui vise avant la « re-soudure » de ce qui a été déchiré de ce qui se déchire de ce qui en réalité est la base et la cause de la faiblesse de ce pays.

Peut-être vous sera-t-il permis par Le Seigneur des mondes, de montrer le vrai visage d’une « Zawiya », dont le vrai but dans ce monde est de propager le savoir et charrier, de façon désintéressée, le bien entre ceux qui l’entourent. L’histoire vous le retiendra croyez-moi.

-Prenez comme but de former chaque année, dans chaque village ou Adabaye une dizaine d’enfants (filles et garcons), y compris en mécanique, en menuiserie, en hôtellerie, en couture, en teinturerie. Vous aurez rapidement une banque de formateurs, qui pourront à leur tour former leurs petits frères et leurs fils.

Renforcer le rôle de l’école publique.

Installer de petites cantines qui ne demanderont que quelques kilos de farine, quelques litres d’huile, quelques sacs de sucre pour assurer un petit déjeuner frugal pour ceux qui sont complètement démunis.

Faites qu’aucun enfant ou vieillard n’oublie le goût de la nourriture au milieu des gaspillages. (Ceci attire la colère de Dieu)

Donnez la priorité aux veuves de 1989, aux Adwabas.

-Laissez le problème de l’autisme et du syndrome des downs aux médecins. C’est leur travail. Allez sur les terrains… soyez sur le terrain. Votre santé n’en sera que meilleure. Montrez aux femmes mauritaniennes de toutes les couleurs que la Mauritanie aime la Mauritanie, que la Mauritanie n’a d’autres choix que d’aimer la Mauritanie.

Si vous avez le mal de la profession, offrez des consultations dentaires gratuites aux enfants et aux pauvres, qui n’ont jamais foulé le sol d’un cabinet de dentiste. Vous grandirez… vous grandirez, la Mauritanie ne l’oubliera jamais, même quand vous ne serez plus à la présidence (et vous n’y serez pas éternellement), vous résiderez dans les cœurs et les prières de ceux, dont vous ne pouvez réellement deviner les souffrances.

Savez-vous que pire que la violence faite aux femmes, pire que l’excision, pire que le mariage précoce, beaucoup de vos sœurs, meurent en accouchement, sur le territoire national, à l’ombre du désespoir, sous une tente déchiquetée par les alizés en essayant de mettre au monde un enfant qui ne verra jamais le jour ?

Une présidente n’est pas seulement, n’est pas sans doute un sac Galeries Lafayette ou une montre Anne Klein ou Akribos. Voyez Michelle Obama, son nom est sacralisé dans les pages de l’histoire. Voyez la longue liste de femmes que la bouche insatiable du temps a avalées sans laisser un simple « wakhyert ».

Je sais que votre éducation vous protègera.

Vous avez parlé de Mauritanie arabo-africaine, abondez en ce sens, par respect de la balance de la justice. C’est dans notre différence que résident les perles cachées d’un peuple qui n’a pas grand-chose à envier aux diversités du monde.

Il me semble, madame la présidente que quelque part à côté du fil de vos jours, quelque voix vous dit « Voici venu le jour où vous pouvez, si vous le voulez, si vous en avez le courage ; laisser pour les générations de ce pays des gestes qui lavent les gens de savoir d’un poids de doutes et d’appétits tenaces qui les ont souillés à travers les âges. Vous foulez un chemin qui a été suivi chez nous par une multitude, qui n’a laissé que des amas de médiocrités que notre peuple ne mérite pas.

Si par votre discours, vous nous avez donné l’espoir que quelque part, quelqu’un de chez nous est capable de parler de réfléchir et d’aligner ses idées sur un plateau international, vous avez par la même crée un espoir, qui nous l’espérons ne mourra pas.

Pas à pas avec l’histoire nous suivrons ce que notre fille a laissé à tous ceux qui viendront… à nos futures générations… à nos femmes démunies… à nos enfants laissés à l’éducation de la rue … à la perdition de la drogue de la turpitude et aux griffes des commerçants des malheurs.

Nous savons que votre volonté est forte, que votre amour de la patrie arrivera inchallah.

Comme mon ami Koweitien hier, je dis « Mashallah ».

Salutations et félicitations et n’oubliez jamais que :

قال رسول الله صلى الله عليه وسلم:

« حرم على النار كل هين لين سهل قريب من الناس »

 

 

 

Souvenir de mon premier voyage à Chinguitti

Mohamed Elmoctar Haiba News rim

L’auteur: Mohamed Elmoctar Haiba

L’ancienne ville de Chinguetti est séparée en deux. Une partie située sur une pente dunaire, c’est la vielle cité ; l’autre, plus récente, est construite en dessous de l’élévation. Une bande creuse, prolongement serpenté d’un lit d’oued, leur sert de frontière naturelle. S’y déversent les eaux de pluie lors des inondations cycliques. A l’orée de l’une et l’autre partie surgissent du sable, un peu en vrac, quelques palmeraies. La couleur verte de la végétation perle les extrémités ensablées de la ville auréolée de minarets. La ceinture d’arbrisseaux qui aurait dû protéger de la désertification ce lieu en décadence, devenu patrimoine universel, est un véritable fiasco. Le rêve d’un bouclier écologique dans le désert de Chinguetti s’est donc évanoui tel un mirage comme tant d’autres promesses non tenues dans ce pays.
La période de cueillette coïncide, comme partout ailleurs dans la région de l’Adrar, avec la saison d’été. Les dattes de Chinguetti ont, paraît-il, une saveur unique ; sa gastronomie aussi. Et la générosité des gens, qui coule de source, complète le cadre d’hospitalité, sans entorse aux règles de bienséance.
De toutes les espèces d’oiseaux les corbeaux noirs semblent jeter leur dévolu sur la ville à moitié ensevelie. Quelques nuées en survolent alternativement le ciel. Des membres de cette escadrille d’élite, à l’accoutrement sombre, déjeunent dans un déversoir, au creux d’une dune ; d’autres, perchés sur un arbre esseulé, croassent à quelques encablures du cimetière, situé en amont des habitations. Les couches de la nécropole se superposeraient, selon les gens du bled, jusqu’à trois niveaux. Une tombe pourrait donc en cacher deux. Les sépultures sont austèrement gravées sur de la pierre. L’Adrar c’est vraiment le royaume des roches; les agglomérations de galets se succèdent, sous toutes les couleurs, d’un reg à l’autre de cet océan de cailloux, véritable Eden terrestre du pavé.
A l’aune des vestiges de la vieille ville se mesure, avec chagrin, l’étendue de notre inconséquence. Notre indifférence au passé, à notre passé, met en relief les travers de notre rapport à la culture. Les toits en ruine des maisons en pisé témoignent de cette négligence du patrimoine ; une réalité sinistre que cristallise notre ignorance des faits de civilisation. L’état de désolation des façades en pierre taillée suscite la consternation de tout visiteur à l’œil sensible ou pourvu de conscience. Seule une âme incapable de sentiments, ou un esprit dépourvu de goût, peut ignorer les effets néfastes de cette détérioration continue de l’environnement. Mais peut-il en être autrement quand ceux-là même censés être responsables de sa mise en valeur ne font même pas la distinction entre les artifices du folklore et l’essence, plus complexe et dense, de la notion de culture ?? Les sommes faramineuses englouties dans les festivals annuels n’eussent-elles pas été mieux investies dans la conservation des manuscrits, en danger de disparition, ou la restauration des habitations anciennes tombées en ruine ?
Aucun projet d’envergure n’a été jusqu’ici initié pour rétablir de manière palpable ce joyau de notre patrimoine civilisationnel. Les références faites ad nauseam par les politiques pour glorifier l’histoire de ce coin du pays relèvent tout simplement de la rhétorique.
Les envolées lyriques de nos poètes se confrontent incontestablement à une réalité beaucoup moins alléchante. Chinguetti se meurt depuis longtemps et rien n’est vraiment entrepris pour secourir cette précieuse demeure nationale en état de détresse. Au lieu d’un effort collectif pour restaurer l’identité de ce trésor culturel et architectural, des individus vont, chacun à sa manière, en dehors de toute forme de régulation ou de coordination, contre le bon sens, jusqu’à abîmer les lieux sous prétexte de les aider. Ainsi, entreprennent-ils, par exemple, de construire, ici et là, sans souci d’harmonie ni tentative d’ajustement, des villas modernes au milieu de la médina ancienne. L’érection de ces monstruosités en béton défigure de plus en plus la place et en altère, à jamais, la spécificité.
Plutôt que de lui donner vie, elles lui ôtent progressivement un trait de marque de sa personnalité, et non le moindre, son identité architecturale. Preuve s’il en est que l’opulence des nouveaux riches n’a pas forcément pour corollaire un raffinement culturel. Si pour Boileau la science sans conscience est une ruine de l’âme, que dire alors de l’effet de l’argent sans culture sur l’environnement et les esprits? Autant dire désastreux !

News rimLe sermon du vendredi à l’ancienne mosquée de Chinguetti est d’une veine particulière. C’est un chef d’œuvre littéraire dont l’esthétique est indicative de la verve légendaire du milieu. Le ton idiosyncratique de la prose confère aux mots une onction d’authenticité qui remonte dans le temps et traverse, à pas cadencés, les paliers d’une riche histoire. Tout y est mais sans excès
et la poésie des mots et la rigueur du contenu. L’orthodoxie du prêche rappelle, sans complaisance, l’orientation malékite de ce lieu de culte immémorial. Et l’itération coranique dénote, elle, la maîtrise sans faille de la science de l’exégèse. L’art de la prédication est poussé aux limites de la prosodie par l’imam septuagénaire rompu au symbolisme allégorique des Écritures. Un imam dont l’accent est, à lui seul, au-delà de l’érudition aisément perceptible du Cheikh, une attestation, sans équivoque, de son appartenance millénaire à ce terroir oublié aujourd’hui du monde.

Les élégies en vers déclamées en chœur à la gloire du prophète, après la prière du Asr, par quelques fidèles soulignent la sanctité de ce mois de l’Hégire. La présence de cette touche de soufisme, en plein cœur de la ville sainte, tranche d’avec la ferveur moins sentimentale de plus en plus en vogue ailleurs ; celle importée plus récemment d’Arabie.

Le souvenir de cette terre sacrée, jadis carrefour de négoce et grand centre d’érudition, est encore vivace dans les cœurs ; et sa nostalgie germe toujours dans les esprits. Sur son sol ocre au relief rocailleux, ceint par des collines de sable en perpétuel mouvement, se croisèrent, autrefois, maintes caravanes d’Afrique et d’Orient. Des marchands épris d’aventurisme les ont sillonnées des siècles durant. Et de preux chevaliers y laissèrent des traces sans souillure, leur magistère moral restant, pour l’éternité, indélébile. La foi était leur principale motivation ; le défi de l’inconnu leur grande passion ; et l’intrépidité leur trait de marque par excellence.

Un détail particulier de l’architecture de la mosquée de Chinguetti frappe d’emblée l’attention du visiteur : les fidèles prient directement sur le sable crissant, le front à même le sol, sans tapis ni paillasson, un sable d’extraction locale dont la propreté est sans reproche. Là, le contraste de couleurs est d’une esthétique hors pair. Une symbiose d’ensemble qui marie la préservation de la tradition avec la sobriété, sans fioritures, de l’acte de dévotion.
Même le rituel de méditation se conjugue avec une prise en compte des contraintes, sans merci, de l’environnement du terroir. La majesté de la nature se déploie sans complexe avec l’iridescence d’un soleil omniprésent dont la timidité saisonnière n’est qu’un leurre. La brillance des jours hivernaux est juste un prélude à la canicule estivale. L’épreuve de chaleur est vécue chaque année avec la patience stoïque des hommes du désert.

Mieux, reconnaître déjà l’existence, dans l’au-delà, d’une géhenne, infiniment plus infernale, pourvoie le cœur du croyant d’une couche supplémentaire d’endurance inépuisable. C’est la gratification de l’Iman ou cette paix intérieure qui infuse d’extase les veines de qui est soumis, corps et âme, à la volonté d’Allah. Ainsi, se dénommait, au commencement, le musulman.
Et les nuances aurifères des escarpements dunaires ? Sont-elles vraiment le résultat des déflagrations volcaniques d’une autre ère ou la conséquence de la chute d’un grand météore ? Le cratère de Guelb Richat à Ouadane laisse planer la possibilité de cette hypothèse.
En effet, cette altération géologique, dont la défiguration du relief est l’évidence, n’est pas l’effet d’une coïncidence, c’est soit la trace d’une visite impromptue, celle d’un bolide céleste surchargé d’énergie interstellaire, soit le souvenir d’une grande éruption du magma local. Une chose est cependant sure : l’âge de Chinguetti recèle les empreintes immortelles de la préhistoire. Sa nuit étoilée est un autre régal. Les étoiles s’y convient à qui mieux mieux chaque soir pour un festin haut en couleurs. Mon œil scrute, avec émerveillement, l’horizon scintillant de la Voie lactée. Ce faisant, je ne peux qu’avoir une pensée pour l’astrophysicien de renom, Neil de Grasse Tyson, dont les gratte-ciel du Bronx obstruaient la vue en permanence, inhibant son désir d’exploration cosmique pendant longtemps. Le paradis astral rêvé de son enfance se dévoile ce mois de l’année, à Chinguetti, dès la disparition des dernières lueurs du jour.
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La chorégraphie lumineuse qu’effectue en chœur la sarabande de constellations au-dessus de la vielle Cité vous donne une idée sur le génie sans limite du Créateur de cet univers. L’intelligence à l’origine de cette beauté sidérale est à vous couper le souffle, l’instant d’une contemplation. Le ciel de Chinguetti est assurément une pléiade intergalactique. La nuit cristalline de son atmosphère en fait un télescope à ciel ouvert ; un paradis nocturne, une émeraude grandeur nature, à observer, à l’œil nu, dans le hinterland de ce Barzakh en déshérence; cette épaule du purgatoire si chère à Cheikh Mohamed El Mamy, qui nous tient lieu de patrie. L’astrologue qu’il était aurait sans doute apprécié la vue de la Grande nébuleuse d’Orion du haut du grand minaret de la médina.

Mohamed Elmoctar Haiba

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