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Foot ball en Mauritanie : des hauts et des (bas)

Refaire l’histoire du foot ball national constitue un véritable défi. L’évolution de ce sport chez nous se présente en véritables dents de scie. Comme quasiment, tous les autres sports, le foot ball en Mauritanie a eu ses hauts et ses bas. En cela, certains font erreur en pensant que la petite éclaircie enregistrée depuis quelques années est un fait inédit. Pour ceux qui savent encore se rappeler de quelque chose, certaines équipes nationales de foot ball du milieu des années 70 ont inscrit quelques pages de gloire et immortalisé des noms de grands footballeurs dont la renommée a dépassé les frontières nationales. En 1983, la prestation de l’équipe nationale au tournoi Amilcar Cabral organisé en Mauritanie est encore dans tous les esprits. Ces équipes-là rivalisaient avec les plus prestigieuses du continent malgré les moyens très limités que les ministères de l’époque leur allouaient. Evidemment qu’il y a eu aussi des moments beaucoup moins réjouissants pendant lesquels certaines de nos équipes nationales essuyaient des défaites cinglantes qui frisaient l’humiliation. Il va sans dire que le développement du foot ball est un processus dans lequel plusieurs facteurs sont à prendre en considération dont la qualité du championnat national, la promotion des académies de formation, la découverte des jeunes talents et autres institutionnalisation et professionnalisation des clubs ne sont certainement pas des moindres. Il est tout aussi évident que l’argent, le nerf de la guerre joue un rôle prépondérant dans cette tentative puisque sans infrastructures dignes de ce nom et sans motivations substantielles au profit des joueurs et des encadreurs, tous les efforts entrepris risquent de ne pas faire mouche. Aussi, seuls le travail sérieux et la bonne gouvernance payent. Les exemples en cela ne manquent pas. A côté de nous, le Sénégal est certainement le modèle le plus beau et le plus éloquent avec en prime trois trophées de coupe d’Afrique gagnés en à peine une année et une participation honorable à la dernière coupe du monde. Tout cela sans tambours ni trompettes malgré les très bons résultats et des lendemains tout encore prometteurs.
Le jeu en vaut –il la chandelle ?
Il est incontestable que la Mauritanie a fait quelques progrès. La participation à quelques phases finales de la coupe d’Afrique des nations (CAN et CHAN) et l’enregistrement de quelques résultats satisfaisants en constituent une preuve éclatante. Grâce aux efforts des uns et des autres, la Mauritanie revient dans le concert des trente nations africaines les plus footballistiques. Le mérite de ce blason redoré revient à des hommes, des femmes et des jeunes qui se sont investis pour booster le sport roi dont raffolent des millions de Mauritaniens. La tentative de vouloir exclusivement auréoler une personnalité de ce travail est tout simplement peu objective. L’œuvre de reconstruction de notre foot ball est commune. Chacun y a joué sa partition : du plus simple employé au plus haut perché des fonctionnaires de la fédération nationale de foot ball et du planton du ministère de la jeunesse et des sports au ministre ayant en charge la promotion et le développement des activités sportives. Sur plus d’une dizaine d’exercice, la fédération nationale de foot ball a engrangé des fonds considérables qui étaient normalement destinés à promouvoir le foot ball. Des choses ont été faites. Des choses restent à faire. Les avis sont mitigés sur le rapport entre les fonds claqués et les réalisations et succès enregistrés. Le jeu a-t-il valu la chandelle ? Sur cela, chacun y va de son interprétation. En tout cas, la bonne gouvernance du sport constitue aujourd’hui l’une des meilleures garanties de son développement. Les résultats qui y sont obtenus sont généralement proportionnels à la bonne ou à la mauvaise gestion des ressources qui lui sont allouées. Avec des moyens beaucoup moins substantiels, certains pays de la sous-région ont de loin surclassé la Mauritanie en termes d’acquisition de stades aux normes, de participation régulière aux rendez-vous africains et internationaux et en termes d’organisation de manifestations sportives importantes.
Une mauvaise approche
Quasiment tous les pays du monde ont fait recours à un moment ou à un autre au recrutement de joueurs binationaux dont l’ambition légitime était de jouer pour des pays plus développés en foot ball que leur pays d’origine. En cela, la Mauritanie ne fait pas exception à travers l’enrôlement en équipe nationale de certains joueurs comme Ladji Malle (équipe nationale olympique et joueur du club américain de Los Angelés) dont les dernières déclarations sur l’équipe nationale dans une interview qu’il aurait accordée sont tout simplement déplorables et malheureuses. L’histoire de ces warners ou mercenaires du foot pose un problème de fond. Y faire recours doit se faire avec beaucoup de vigilance et de méticulosité. Leur utilisation doit se faire avec modération et intelligence pour éviter de barrer la route à des dizaines de Mauritaniens dont la seule ambition est de jouer pour leur équipe nationale et d’atteindre à travers elle le haut niveau au sein de clubs internationaux de renom dont certains comme en France ou en Angleterre exigent des postulants d’avoir été sélectionnés au moins dix à quinze fois dans l’équipe nationale de leur pays. Au rythme ou le recours à ces warners se fait aujourd’hui chez nous, des rêves sont brisés et des ambitions complètement découragées de quelques talents nationaux dont les places sont injustement et irrégulièrement ravies conjoncturellement à l’occasion de quelques expéditions dont les résultats sont généralement peu satisfaisants. D’ailleurs au regard des derniers matchs de notre équipe nationale, les meilleures prestations ont été enregistrées grâce aux bonnes performances de joueurs mauritaniens bon chic bon genre formés dans des académies ou clubs nationaux comme ….auteur des deux buts marqués contre le RDC en aller et au retour. Le principe de l’engagement des binationaux n’est pas mauvais en soi tant qu’il ne nuit pas à l’ambition et au rêve des jeunes nationaux qui veulent shooter le foot ball mauritanien au sommet de la gloire grâce à un talent, une volonté et un nationalisme qui résistent à toutes les épreuves.

Moussa KHAIRI

Festival de Jowol,un festival pas comme les autres

Le 17 mars prochain les guirlandes vont s’allumer sur le Festival de Jowol .
Jowol vient d’entrer dans le festival des villes anciennes de Mauritanie .
Cette ville , celle de samba Diegui fut le symbole de la résistance apre, acharnée contre l’envahisseur colon et sa plage Bilbassi , au sable écarlate un théâtre de batailles épiques .
Jowol est aussi , la ville de feu le professeur El hadj Mahmoud Ba fondateur de l’école arabe inter etatique de langue arabe ( Mauritanie , senegal , Mali , Gambie …)
Une école dont l’objectif était de faire comprendre aux adeptes de la religion. Musulmane le message divin et aussi de repousser l’ignorance .
C’est aussi la ville de feu mon oncle Hamidou Ngaide , diplomate de carrière et connu en Afrique et en Tunisie comme étant “l’unité africaine en miniature “ et surtout le symbole de la multiculturalite de la Mauritanie ( Respects au professeur Ely Moustapha).
C’est la ville aussi de monsieur Abdoulaye Waiga ancien directeur de la caisse nationale de sécurité sociale et mémoire vivante de la cohésion , de l’unité et de l’histoire du peuple Mauritanien .
C’est en fin nonobstant l’énumération qui serait fastidieuse la ville de El hadj Baba Toure , El hadj , Abdoul N’GAÏDE Et de … mon cousin Connu sous le nom de Kaaw toure .
C’est une ville martyr qui a souffert au siècle dernier de l’incompréhensible catastrophe des exécutions extrajudiciaires perpétrées par le régime de Maouiya .
Jowol est aussi la ville originaire de Hamady Al maghami père de feu Sy abdoul Hamady ancien juge à la cour suprême et père du Rgueiby .
Jowol invite donc tous les mauritaniens et étrangers vivants en Mauritanie .
L’initiative du présent régime de délocaliser le festival des villes anciennes a Jowol marque une nouveauté dans la rupture des assignations communautaristes comme aime le rappeler le sorcier Allemand Mohamed Yahya Fall.
Inscrits dans le lignage de la pensée de nos ancêtres des mourabitounes à nos jours nous nous attachons à ré explorer , revivifier la tolérance , la cohésion et l’unité de notre peuple dans le cadre d’un État indépendant respectueux des valeurs de la civilisation .
Bon festival à tous .
Salah Eddine sy dit le Rgueiby

Communiqué

Plusieurs personnes, certainement par esprit de solidarité et de justice, m’ont interrogé à propos des jugements et du cas SUKUK que j’ai cités dans ma vidéo publiée dans les médias.

Le présent communiqué est fait pour éclairer l’opinion publique et présenter mes remerciements à tous ceux, très nombreux, qui m’ont manifesté leur solidarité et à ceux, solidaires, qui n’ont pas exprimé leur indignation, sûrement, faute de pouvoir me joindre.

Jugements pris contre moi et exécutés :

1) Jugement, pleinement justifié, de saisie de terrains SUKUK au profit de la BMCI. Exécution pour une valeur de plus de 1 milliard 300 millions de MRO. Je n’ai entrepris aucun recours, jugeant que la BMCI était dans son droit. Même après cette exécution, les organes dirigeants cette banque m’a donné 9 mois, pour trouver une solution auprès des pouvoirs publics afin qu’ils me restituent les biens saisis.

Jugement pris au bout de 5 mois et exécuté en moins de 3 mois.

Je dois ici remercier la BMCI pour le professionnalisme avec lequel elle m’a toujours accompagné, la patience et le soutien permanent dont j’ai toujours bénéficié auprès de cette institution de haute qualité.

2) Jugement, pleinement justifié, de saisie de mon domicile au profit de la BMS pour une valeur de 50 millions MRO. Je n’ai fait aucun recours, jugeant que la BMS était dans son plein droit.

Jugement pris au bout de 6 mois et exécuté en moins de 2 mois.

Force pour moi encore de remercier la BMS de toute sa patience qui a duré plus de 3 ans me laissant jouir d’un bien qui, juridiquement, est devenu sa propriété prouvant par là que la BMS n’ont aucune volonté de me spolier. Je suis d’autant plus sensible à cette faveur que je connais les difficultés que la banque a connues et que j’espère passagères.

Jugement pris à mon profit et non exécuté :

Le litige nous opposant à la Communauté Urbaine de Nouakchott (démembrement de l’État) a pris 8 ans de parcours de la justice. Tous les recours possibles ont été épuisés en 2020 et, depuis près de 3 ans, il n’est toujours pas exécuté.

Jugement pris au bout de 8 ans et toujours non exécuté au bout de 2 ans 10 mois et ce malgré l’injonction du Haut Conseil de la Fatwa et des Recours Gracieux.

Non seulement l’institution de droit (Justice) n’est pas respectée, mais aussi l’institution religieuse est bafouée au point de ne même pas mériter une réponse.

Cas SUKUK

FCI a acheté des titres fonciers en 2007 qui ont été mutés par les services des domaines en son nom. Une viabilisation a été réalisée, dans les règles de l’art (terrassements, routes bitumées, raccordement à l’eau, électricité, éclairage public…), donnant ainsi le nom du projet au quartier « SUKUK ».

Le morcellement de la majeure partie des titres, leur vente a été communiquée aux prix réels et leurs mutations aux noms des acquéreurs ont été établies par les services des domaines sans contestation aucune.

D’autres ont été adjugés à la BMCI (voir plus haut).

15 terrains, dans le cadre d’une convention de crédit avec Shelter Afrique, ont obtenu le permis de construire N°804.

Sukuk a été bloqué en 2008 et nos chantiers arrêtés depuis lors. Puis le caractère de promoteurs immobilier et d’investisseur et non de spéculateur a été clairement établi dans une convention avec un Comité Interministériel (02 septembre 2012) qui sur cette base décide de la levée immédiate du blocage.

Depuis le 06/09/2021 au 01/08/2022, je me heurte à un mur de silence de la part des administrations concernées. A mes nombreuses lettres et relances, aucune réponse.

La Primature après 3 lettres et 4 relances a enfin daigné nous répondre en disant avoir transmis nos divers courriers au Ministre des Finances.

Depuis lors silence complet de l’Administration, ce que je comprends aisément : si les instructions du Président et du Gouvernement de rapprocher l’Administration des citoyens ne sont toujours pas parvenues à cette dernière, il est compréhensible que mes demandes soient traitées en dehors des instructions Présidentielles.

Nouakchott, le lundi 12 décembre

Issa Cheiguer

Les oubliés de la fête

Célébrer l’indépendance nationale, c’est commémorer la liberté conquise, la dignité retrouvée, la prise en main du destin de la nation. C’est également prendre la mesure des progrès accomplis par le pays, d’un anniversaire à l’autre. Cela concerne, bien sûr, les infrastructures, le niveau d’éducation, les prestations médicales, l’essor technologique, mais aussi la qualité de vie des citoyens.

Dans son discours à la Nation, le Président de la République a pris en compte ce dernier aspect, en annonçant des augmentations de salaires et d’allocations familiales. Un geste louable pour lequel les bénéficiaires ont chaleureusement exprimé remerciements et gratitude.

Seulement, les retraités n’ont pas été de la fête. C’est vrai qu’ils ont bénéficié d’une augmentation substantielle il y a deux ans. Mais, leur situation étant ce qu’elle est, ils ont pu considérer qu’il s’agissait de premiers soins, comme ceux administrés à un malade aux urgences, dans l’attente d’un traitement curatif de fond. Il n’y a pas mieux qu’une augmentation répétitive pour mettre du baume à leurs cœurs fragilisés.

Telle quelle, la pension chez nous secrète l’indigence. La raison est simple : du temps où les retraités d’aujourd’hui étaient en activité, les salaires indiciaires étaient trop bas. Donc, les taux calculés sur cette base sont forcément très faibles. Il serait intéressant, pour avoir un ordre de grandeur, de faire des comparaisons avec les traitements correspondants dans les pays voisins.

En outre, une rémunération ne se mesure pas uniquement à sa valeur nominale, mais surtout en termes de pouvoir d’achat, c’est-à-dire selon le degré de couverture des besoins essentiels. Or, les prix à la consommation n’arrêtent pas d’escalader les cimes. Si bien que l’effet de l’augmentation de 2020 s’est trouvé annihilé en quelques mois par la forte hausse du coût de la vie.

Si les cadeaux annoncés pour cet anniversaire se limitaient à une logique de gratification du rendement ou d’incitation à la performance, les retraités se seraient bien gardés d’y prétendre. Mais du moment que l’esprit et la lettre des mesures annoncées s’inscrivent dans une volonté proclamée d’amélioration des conditions de vie des populations et des revenus alloués par l’Etat, les retraités seraient bien malheureux d’en être écartés.

D’autant plus que ces largesses attentionnées, à portée commémorative, sont l’unique acte rétributif dont ils peuvent bénéficier. Ils veulent encore croire à un simple oubli, qui se fera oublier sitôt réparé.

Mohamed Salem Elouma Memah
Entre-citoyens

Réponse ouverte d’une citoyenne lamda à la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable en Mauritanie,

Maimouna Saleck

Excellence Madame la Ministre, j’ai suivi avec attention votre intervention sur France 24, lors de l’émission spéciale COP27 : le Climat et l’Afrique : quel avenir pour les ressources naturelles du continent ?

https://fb.watch/gMwHoFtUWN/

J’ai trouvé vos réponses – aux questions posées par la journaliste sur le phénomène de la rareté du poisson en Mauritanie et sur le projet d’extraction du Gaz, Grande Tortue Ahmeyine – assez peu convaincantes pour la représentante du principal département régulateur de la gestion de nos ressources naturelles …. ces ressources qui sont la base de l’économie de subsistance et de revenu à la grande majorité de nos populations – et qui sont tous deux très vulnérables (l’économie et les populations).

Affirmer que la rareté du poisson en Mauritanie est la conséquence des changements climatiques – en omettant de citer aussi la part de responsabilité des changements sociaux et des changements économiques – qui ont développé, en des temps records, des modèles d’exploitation non tenables, non soutenables et peu durables de nos ressources naturelles – est un terrible raccourci !

Un raccourci qui ne peut être interprété que par une méconnaissance ou une mauvaise appréciation des terribles impacts, ou des lacunes du système de gouvernance – des activités économiques essentiellement responsables de la dégradation de nos écosystèmes et donc de nos ressources renouvelables : comme notamment, la surexploitation des stocks de poissons, les pressions croissantes de la pêche industrielle, des transports maritimes, des industries minières, aurifères, gazières et pétrolières, la mauvaise gestion des déchets ainsi que celle des grands projets d’infrastructures.

Et lorsque la journaliste vous pose la question concernant l’exploitation du Gaz Naturel, vous noyez le poisson dans l’eau et vous proposez même comme solution résiliente à la crise que connait le secteur de la pêche en Mauritanie, l’extraction de cette énergie fossile non renouvelable – en la déclarant comme une énergie moins polluante, qui va servir de levier à la production d’une énergie propre – l’hydrogène vert – est un autre raccourci beaucoup plus naïf.

Vous expliquez que puisque nous avons des énergies fossiles, nous devons absolument les exploiter ! Comme si nous n’avons pas le choix d’exploiter d’autres énergies largement plus disponibles, plus accessibles, réellement plus propres, moins couteuses en terme d’investissements humains et financiers et surtout, surtout, entièrement renouvelables : le soleil, le vent, le sable, l’eau.

Madame la Ministre, sachez qu’en 2018, la Mauritanie était déjà arrivée à un mix énergétique renouvelable de 38% en exploitant moins de 10% de son énorme potentiel renouvelable !

Qu’est ce qui nous a poussé à faire ce brusque virage vers le fossile, pour lequel nous ne sommes pas du tout préparé et pour lequel nous prenons les risques de perdre à jamais toutes nos autres ressources renouvelables indispensables ?

C’est comme si, vous nous expliquez, au milieu du désert, que vous choisissez de boire l’eau minérale naturelle, en sortant de votre glacière, une petite bouteille qui vient d’Europe, au lieu de boire l’eau fraîche qui coule d’une source de montagne que vous pouvez directement cueillir avec vos mains….

… parce que l’eau de cette petite bouteille, est meilleure pour la santé, comparée au soda, car elle est 100% naturelle !

… en occultant les faits, que pour transporter et stocker cette eau, il a fallu toute une technologie (que nous ne maîtrisons pas), pour produire un contenant, dérivé du pétrole, qui va potentiellement empoisonner notre corps à travers les microplastiques, invisibles à l’oeil nu, que nous pouvons ingurgiter, soit à travers cette eau « naturelle », soit à travers les aliments puisés des sols, des rivières ou des océans – que les particules de cette petite bouteille vont contaminer – pendant quelques dizaines d’années – une fois que vous l’aurez jeté dans la nature.

Excellence, Madame la Ministre,

Savez-vous que pour détecter ce gaz – dit naturel – qui pollue moins que le pétrole – il a fallu organiser quelques centaines de campagnes sismiques – durant plus de cinq années – sur tout la longueur et la largeur des 234.000 km carré du domaine maritime mauritanien ?

Savez-vous que pour bâtir les infrastructures indispensables pour l’exploitation de ce gaz naturel, les travaux sur terre et en mer, sont en cours depuis 2019 ?

Savez-vous, que pendant deux années, 250 camions ont effectué des rotations en permanence, sur une distance de 275 km, entre Nouakchott et Akjoujt, tous les jours, 24h/24h, pour déplacer 2,5 millions de tonnes de matériaux de carrière – vers une plateforme de 17 hectares (construite au sein du Port de Nouakchott exprès pour cette mission) – qui ont été ensuite transportés, par un navire spécialisé (qui a effectué pendant 7 mois, 67 voyages) vers le hub du GTA, qui se trouve à 10km de la réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du Sénégal, qui abrite 3 sites classés zones humides d’importance internationale ?

Savez-vous, …. que ces 2,5 millions de tonnes de pierres sont déposées, sur 33 mètres de profondeur, pour servir de base aux 21 caissons en béton venant du Sénégal…. que chacun de ces caissons, pèse 16.500 tonnes, mesure 54m de long, 28m de large et 32 m de hauteur… et qu’après une traversée de 120 miles, chaque caisson est rempli d’eau de mer et de sable pour atteindre les 74.525 tonnes nécessaires pour briser les lames autour de la digue de 1.150 mètres, destinée à protéger la jetée d’amarrage de l’unité flottante de production de gaz naturel liquéfié et qui sert aussi de jetée d’accostage aux navires méthaniers qui viendront charger le gaz tant attendu.…

Savez-vous, que le gaz qui arrivera à cette unité, est acheminé par 3.500 mètres de pipeline, du FPSO (unité de production, de stockage et de déchargement) situé à 8.000 mètres du champ de production qui compte (dans cette 1ère phase seulement) 12 puits qui forent à 2.850m dans les entrailles de la terre ?

… et que tout ce dispositif peut exploser à chaque instant !

Madame la Ministre,

Je vous épargne toute les étapes de la phase d’exploitation qui durera une trentaine d’années (au moins) – et qui produira en plus du gaz naturel, des eaux de refroidissements, des eaux de ballast, des eaux de production … dont les déversements chroniques – autorisés par nos régulateurs locaux – auront comme impact minimal, selon les scientifiques, le dérèglement du système endocrinien chez les mâles (allant jusqu’à l’infertilité). Ce phénomène se fait par la contamination aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs), bio-accumulée de la chaine alimentaire et il a déjà été constaté dans la zone du Fleuve Sénégal.

… et ce n’est pas tout !

Le Grand Projet Grande Tortue Ahmeyine (GTA) produira, en plus du Gaz, du pétrole super raffiné – mais aussi des déchets solides et liquides industriels en plus des déchets urbains de la « ville-plateforme », érigée en pleine mer, qui sera habitée par les quelques milliers d’ouvriers permanents du projet – sans oublier les centaines de navires vraquiers et méthaniers qui viendront grossir le traffic des quelques 849 navires déjà abonnés aux ports du pays.

Et une fois ce stock de Gaz naturel épuisé, car bien évidemment, il n’est pas renouvelable, on doit penser à démanteler toutes ces infrastructures, à reboucher tous les puits, correctement, si bien sûr, nous avons eu la chance d’échapper aux accidents, aux fuites, aux erreurs, au laxisme, au bakchich, aux sabotages, aux coups d’états, aux orages, aux tsunamis, …

Madame la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable,

Imaginez-vous l’empreinte carbone, physique, chimique, biologique, atmosphérique, écologique, sociale, économique …. de toute cette chaine de destruction massive des écosystèmes marins d’une exceptionnelle rareté – mise en oeuvre pour extraire ce Gaz – presque inoffensif et tellement nécessaire – qu’il nous faut absolument exploiter – (selon vos propos) – pour sortir la Mauritanie (avec moins de cinq millions d’habitants) de la grande misère pathologique qu’ils subissent à cause des Changements Climatiques ?

Vous affirmez aussi que la manne du gaz naturel servira à investir dans la production de l’hydrogène vert … un autre gaz qui est obtenu grâce à des procédés industriels extrêmement polluants, mais qui aspire à devenir vert, selon les experts, en convertissant l’électricité nécessaire pour son extraction, qui va passer de l’électricité produite par les énergies fossiles (pétrole et charbon) vers celles produites par l’éolien … un peu comme l’histoire de la petite bouteille de plastique ….

Mais, en attendant de découvrir des solutions miracles de transport vert et de matériaux verts pour construire des parcs d’éoliennes neutres en carbone, dans des déserts et des océans stérilisés de toute forme de biodiversité, je vous implore, Madame la Ministre, de concentrer vos efforts sur la préservation de nos acquis avant de suivre les sirènes des marchands de dollars….

Je vous invite vivement, à visiter les magnifiques sanctuaires, d’une biodiversité, exceptionnelle, unique au monde, qui existent en Mauritanie, de vrais puits carbone, qui offrent de vraies solutions aux Changements Climatiques, gratuites, durables, renouvelables et qui offrent généreusement leurs indispensables services éco-systémiques à notre alimentation, notre santé, notre économie, notre spiritualité, notre éducation, notre innovation …

Savez-vous, qu’avec les 1.200.000 m2 du Parc National du Banc d’Arguin (à titre d’exemple), nous captons déjà 11% de nos émissions de gaz à effet de serre ? … que le PNBA, qui sert de véritable laboratoire scientifique à ciel ouvert, accueille quelques 2 millions d’oiseaux migrateurs chaque année ? Que ces oiseaux contribuent à la richesse de la qualité de nos herbiers et nos vasières, à la santé de notre océan, et que grâce à cette abondance renouvelable, la Mauritanie nourrit plus de 75 pays de la planète en produits de la mer ?

Dépêchez-vous, Excellence, et surtout n’hésitez pas à inviter aussi son Excellence Monsieur le Président de la République, à venir découvrir ce magnifique patrimoine (vraiment) naturel avant qu’il ne disparaisse, victime de de notre boulimie énergétique, car j’ai bien l’impression qu’il ignore totalement l’existence de ces capitaux naturels, vu qu’ils ne sont jamais cités dans ses discours.

Et pour finir, je reste convaincue que la solution aux Changements Climatiques est justement d’arrêter de vouloir changer systématiquement de modèle de production ou de consommation, sans re-passer par la case de départ : vouloir changer nos modes de réflexion pour retrouver notre vraie place dans cet univers.

La Citoyenne Lambda.

Meimouna Saleck

La barre des dix chiffres  

 

Dans ses interventions, qui ont le propre d’inquiéter par leur côté batailleur, l’Inspection générale d’Etat semble opter pour la douceur. Elle veut récupérer les fonds détournés sans froisser les auteurs. N’est-ce pas un peu aller au projectile et laisser le lanceur ?

En fait, c’est un style d’action qui s’exprime de la sorte. Un style qui s’attache à atteindre ses objectifs sans faire de vagues. Son premier résultat est plutôt appréciable. En quelques mois, près de 14 milliards d’ouguiyas ont été détectés, embrassant une vaste gamme d’irrégularités. Des montants substantiels ont été récupérés, ce qui signifie moins de dilapideurs pour aller faire bombance et étaler leur exubérance, sous les regards d’un public démuni et frustré.

 

Les investigations de l’Inspection ont eu le mérite de donner une image claire de la situation d’ensemble. Elles ont révélé une emprise encore vivace de la gabegie dans les circuits d’administration des fonds publics et dénoté, parallèlement, la volonté au sommet de l’Etat de lui faire la chasse, sous la houlette de l’IGE. La stratégie développée à cet effet se fonde sur deux axes essentiels : la prévention et la dissuasion. Il reste à apprécier le mode opératoire.

Il n’y a guère mieux que la prévention en toutes choses, spécialement lorsqu’il s’agit d’anticiper les complications du curatif. Cependant, le préventif perd de son rôle, une fois le corps infecté, comme il paraît l’être. Quant à la portée dissuasive, elle prête à interrogation. Dès lors qu’un pilleur qui accepte de restituer du butin peut aller se frotter les mains, des têtes véreuses pourraient trouver que la formule n’est pas suffisamment périlleuse pour les empêcher de tenter leur chance. Au mieux, ils échapperont aux griffes des inspecteurs ; au pire, ils auront à rembourser des sommes dont ils auront profité, tels des prêts sans intérêt. Avec en prime le bénéfice de l’anonymat.

A considérer que le tandem prévention-dissuasion soit porteur de mises en garde, celles-ci restent feutrées, sous-entendues, alors que la gent corruptible ne lit pas entre les lignes. Comme on dit : « cligner de l’œil suffit à l’adresse d’un homme sensé, une bastonnade est nécessaire pour un esprit tordu ». La dissuasion sera opérante seulement si, d’un côté, le risque encouru est tangible et si, de l’autre, les dommages à subir sont plus significatifs aux yeux du prévaricateur que les gains qu’il pourrait tirer de sa malversation.

Grosso modo, trois types de barrières peuvent se dresser entre le fonctionnaire et la tentation de corruption. Le premier tient à l’intégrité morale. Ceux qui le respectent méritent d’être entretenus et protégés en tant qu’espèce en voie de disparition. Le deuxième renvoie à une idée de l’orgueil. Il est valable à l’encontre de personnes qui conservent un zeste d’amour-propre et craignent d’être stigmatisés sur la place publique.

Le troisième type de barrières réside, lui, dans la peur de croupir en prison. Il vaut pour des mordus du pognon, rompus aux dédales de l’administration et s’estimant prémunis contre les sanctions. L’unique manière de leur couper l’appétit consiste à leur démontrer, par l’exemple, que le cachot existe et qu’il est destiné, entre autres, aux auteurs de détournements, toutes pointures confondues. Cette classification pourrait peut-être inspirer des éléments de réplique, motivants ou coercitifs selon le cas, dans le cadre d’une stratégie de moralisation de la gestion publique.

En un mot, l’IGE a du pain sur la planche. Elle aura besoin de toute sa science, de sa conscience et d’une volonté à toute épreuve pour répondre aux attentes ardentes que son récent renouveau a suscitées au sein de la population. Notre souhait est qu’elle aille en profondeur, jusqu’aux racines de la gabegie. Et si, dans la foulée, elle jette un éclairage sur ces marchés publics qui se nouent par ci, se dénouent par là, puis se renouent ailleurs, elle marquerait une brillante victoire pour le compte de la transparence.

Dans la traque de fond, l’IGE n’est pas la seule à devoir monter au front. L’enjeu mérite la mobilisation générale, puisqu’il détermine notre avenir. Un double combat s’impose : d’une part, contre la mentalité complice qui désacralise le bien public et glorifie l’enrichissement illicite ; d’autre part, contre un phénomène enfoui, vorace, qui a la faculté de toujours inhiber les efforts déployés au service du progrès. Sa réalité nous échappe, mais ses effets se lisent à travers les indicateurs de performance. Qui d’entre nous se sent heureux de voir la Mauritanie se trainer continuellement, malgré ses richesses, dans le peloton de queue des classements du Continent ?

Quand le pays est confronté à des défis majeurs, quand l’Etat est sous la menace d’un surendettement et quand les temps sont si durs pour les populations, les détournements qui franchissent allègrement la barre des dix chiffres sont tout simplement indécents. Aucune tolérance à leur endroit ne saurait se justifier.

Mohamed Salem Elouma Memah

Entre-citoyens

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